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Jean Prieur (1914-2016)

Jean Prieur (1914-2016)

Jean Prieur a étudié les doctrines ésotériques et les phénomènes paranormaux à la fois en tant qu'historien et philosophe.


Epinoïa

Publié par Jean Prieur sur 4 Août 2007, 19:36pm

Catégories : #Textes récents

Par Jean  PRIEUR



E p i n o i a  est une idée qui vous tombe dessus, sans crier gare.
En Allemand, il existe un équivalent : es fällt mir ein (« Fallen » signifie tomber). J'ai appelé aussi ce processus : les évidences de l'aube, parce que cela se produit le matin.

Epi du 25 juin 2007 – Réflexion souvent entendue dans la bouche de l'athée de bonne volonté : « Si Dieu existait, on ne verrait pas toutes ces horreurs. » Autrement dit, Dieu ne peut pas être que bon.
Il ne peut pas être méchant non plus. Il ne serait pas Dieu.  
On ne Le trouve pas sur ce plan là. Pour Schweitzer, fondamentalement, c’est le respect de vie qui est important. Il n’y a pas le bien et le mal. Il y a la vie. Et la vie en soit est bonne. Et on la doit à Dieu.
Donc pour que le monde fonctionne, il est de toute nécessité :
  1) Que Dieu soit et qu’il existe.
  2) Et que le réel soit logique et rationnel. Pour les philosophes du XXè siècle, il fallait distinguer l’Etre, L’Essence et l’Existence, l’Existence étant le vécu, la manifestation dans le monde extérieur. Ce qui permettait à mon ami François-Albert Viallet de dire Dieu est, mais Il n’existe pas. C’était en juillet 53, il m’initiait à Teilhard de Chardin. Cela me choquait ; aujourd’hui, je saurais que répondre : Si l’on voit tant d’horreurs dans le monde, c’est que Dieu n’existe pas assez. Ce qui est l’essentiel de ma foi : Existe ! Existe davantage ! Tel est le thème parfois de mes prières.
  Parallèlement, toujours en 1953, une intellectuelle, intelligente et athée, m’initiait à la pensée de Sartre qui reconnaissait qu’il est très gênant que Dieu n’existe pas.
J’ajoute : « il est très gênant que Dieu n’existe pas… d’avantage ! »  Dans ce cas, je suis d’accord avec mon ennemi intime.
Un jour, ma grande Sartreuse me déclara avec colère et mépris : « Vous croyez en quelque chose, vous ? » « Oui, Madame ! Je crois en Quelqu’Un. » « Vous avez de la chance ! » C’était dit sur le ton de l’insulte. Plus tard, en y repensant, je me suis dit : Elle avait raison, j’ai de la chance de croire malgré les échecs que je collectionne. Quand je doute, c’est encore en Lui, puisque je Lui parle.
  Je reprends mon raisonnement : Pour que le monde existe, il est de toute nécessité que Dieu soit, qu’Il existe, et que le réel soit logique et rationnel.
  Or, bon an mal an, bon siècle, mauvais siècle, cahin caha, le monde fonctionne. Cahin caha, l’antique diligence a débarqué ses voyageurs éberlués dans la cour du XXIème siècle où les attendaient les Twin Towers, tout un programme qui se réalise peu à peu.
  « Qu’il te soit fait selon ta foi ! » C’est un verset que je cite souvent. Dans le bien comme dans le mal, il ne manque pas de se vérifier.
  La grande Sartreuse qui me faisait l’éloge du suicide mit son point d’honneur à tenir parole dès son retour à Paris. Je reçus le faire-part de décès qu’elle avait promis de me faire envoyer par sa mère. Et je n’entendis plus parler d’elle. Elle avait sombré dans ce néant dont son maître à penser lui avait chanté les charmes.

  Au cours de l’été 1956, je revis son fantôme (her ihr) . C’était le premier. Je fus frappé par sa consistance, sa densité, son indifférence, son absolue identité. Ce n’était pas pendant l’horreur d’une profonde nuit, mais dans l’immense hall de Roma-Termini, la plus grande gare de la capitale. Au moment où je me décidai à lui adresser la parole, elle se leva prestement et se volatilisa dans la foule.
  Et je dus attendre un dimanche de mai 1969 pour avoir de vraies nouvelles et revivre à travers le medium Patrick Lannaud sa tragédie personnelle. J’ai raconté cette histoire dans la Prémonition et notre destin – Robert Laffont – 1990, p. 138 à 144 ; Dans J’ai Lu  p. 143 à 150. Comme c’est étrange ! C’est cette matérialiste, cette néantiste qui est à l’origine du mouvement spirituel issu de mes Témoins de l’Invisible. Il faudrait pouvoir dessiner l’arbre généalogique de l’amitié et des idées nouvelles.

  Tout part de Sartre qui enthousiasme une jeune prof d’Histoire et Géo à qui je donne le pseudonyme d’Armande car elle a des enfants. Armande tient à me présenter à François-Albert Viallet, docteur en philosophie et auteur de l’Avenir de Dieu et elle prophétise : « Vous deviendrez amis, vous ferez ensemble un travail important. » Viallet me fait connaître Marie-Madeleine Davy, ancienne condisciple de Simone Weil dont elle a publié la biographie. Marie Madeleine Davy m’invite à son colloque de saint Clémentin où je rencontre Marcelle de Jouvenel et Geoffroy de Souzenelle, accompagné de son épouse Annick. Par Marcelle, je peux contacter Gabriel Marcel qui assiste à mes conférences et s’intéresse à mes écrits qu’il connaissait déjà grâce à la petite Simone Chaumont (lire «Du monde des esprits au Monde de l’Esprit»). Nous devenons amis, il accepte de m’écrire une préface qui mettra sur orbite ma modeste fusée. A partir de Gabriel Marcel, nouvel embranchement dans mes amitiés. Voici que paraissent André Dumas, président de l’USFIPES, directeur de la Revue Spirite, voici Madame Berthe, la plus douée de ses médiums, voici le voyant Belline, dont le fils lui dictera depuis l’Au-delà des messages comme celui-ci : Nous sommes des lumières pensantes.
André Dumas dirige vers moi un grand jeune homme qui travaille à la radio avec qui j’ai fait de nombreuses émissions (et qui s’occupe de ce site).


  Micro-anthologie de Michel Belline : Les souffrances, les épreuves sont nécessaires à la connaissance, elles frappent inévitablement les meilleurs qui sont les plus vulnérables. - Au moment de la mort, l’énergie de l’âme s’échappe en éléments lumineux infiniment concentrés que tu appellerais particules, corpuscules, ondes. Dans cet espace, nous sommes des lumières pensantes. - Certains rêves ouvrent la voie de l’invisible. La vie est une énergie, la mort en est une autre et le rêve balance entre les deux. – L’inconscient est la conscience d’une autre dimension. – Michel, crois-tu que nous soyons vraiment séparés ? – L’énergie, qui était mienne, est revenue vers toi et vers maman. Il en est toujours ainsi. L’amour de ceux qui restent et qui pleurent, et qui appellent, attire à soi un peu de l’être cher qui s’en va. Sans amour, rien n’est jamais accompli. – Mon fils, j’ai parfois l’impression de me parler à moi-même et d’entendre mes propres réponses. » -« Moi aussi, Papa, j’ai cette impression. »

  C’est dans la Prémonition et notre destin que j’ai raconté le devenir poste mortem d’Armande qui joua pour moi le rôle de Simone de Beauvoir auprès de Sartre. Elle n’a rien écrit. « Je n’ai pas de message. » disait-elle.   Viallet en avait un qui prolongeait et dépassait celui de Teilhard. Dans le livre qu’il méditait à l’époque où nous nous fréquentions, il y a des phrases incendiaires comme celle-ci : « Nous avons refusé à l’esprit l’auréole de pouvoir illimité dont il fut gratifié par une philosophie tri-millénaire. Notre argument s’inspirant de l’Evolution a été la constatation de l’inégalité des produits de cette substance divinisée appelée esprit, de ses contradictions, erreurs et chutes. Dès le premières lignes de son livre le Dépassement (Fischbacher), il nous prévient : « Il n’est plus permis de désigner notre réalité comme apocalyptique, de lui prêter un sens de dissolution et de prétendre qu’elle s’abîme dans le mal. » Ce que j’ai fait abondamment dans mes livres sur l’Apocalypse.
  Il n’est plus possible de mettre en lice Jésus-Christ et Karl Marx, Dieu et le Diable… La situation a évolué. En vérité, il s’agit pour l’esprit scrutateur d’accepter et de cerner la face d’un monde qui change. Il importe de nous rendre compte du fait capital que nous vivons sur une nouvelle Terre et sous des cieux nouveaux, inconnus encore de la génération précédente. Naguère, nous avons vu passer les flagellants de l’existentialisme s’écriant que le monde était mauvais. Jour après jour, nous assistons à la déchéance des systèmes métaphysiques millénaires les mieux constitués en dépit d’efforts héroïques pour sauver un ciel qui s’évanouit. »
  Evanoui en moi en 1953, décès de Simone en novembre 1952 ; elle à Céret, moi à Berlin, à l’Institut français où j’assumais les fonctions de Sartre.
  Le ciel s’évanouissait en Viallet, disciple de Teilhard, comment était-ce possible ? Dans son avant- propos, il donne l’explication : « Pour ses recherches, l’auteur s’est aidé en prenant appui sur l’évolution des arts plastiques, et notamment de l’art actuel. »


  L’art actuel me fait penser à ces vers de Musset :
  Pourquoi sous la sainte lumière
     Voit-on des actes si hideux
  Qu’ils font expirer la prière
  Sur les lèvres du malheureux ?


  Le 13 décembre 1953, le Père Teilhard écrivait à Viallet : « Ne centrez pas votre livre sur moi, mais sur un problème beaucoup plus général et important : à savoir la nouvelle relation qui tend à s’établir pour nous entre Matière et Esprit, en conséquence de notre nouvelle perception du monde en terme non plus du cosmos, mais de cosmo genèse. »
Commentaire de François-Albert Viallet : Personne n’a compris et senti d’une manière plus profonde que Teilhard de Chardin qu’une convergence croissante va s’établir entre les penseurs scientifiques et philosophiques en quête d’un dépassement de la science proprement dite.
  Le Dépassement, tel fut le titre du livre paru au début de 1961 chez Fischbacher. Ce terme signifie l’ouverture de la pensée sur un univers évolutif qui ne se cantonne ni dans un système établi pour toujours (ex : scolastique) ni dans un matérialisme mécaniste, ni dans un scientisme pur (ex : néo positivisme) mais qui tend à englober la totalité du monde physique et spirituel. Teilhard fait la distinction entre une religion fixiste et une religion évolutive qui tient compte du progrès scientifique et social de l’humanité. Notre contemporain Jean Staune, jugeant cette époque, a écrit : «  Une immense révolution conceptuelle a eu lieu au XXè siècle, comparable à celle induite par Copernic et Galilée.

 

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A
je suis allée à une conférence de Annie Gourvennec ; elle nous a parlé des messages de son fils Arnaud .. elle a fondé une association Stella .. cependant, il me semble qu'un proche peut être mort et ne pas venir témoigner de l'au delà et pourtant nous pouvons croire en celui ci.
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A
 « Qu’il te soit fait selon ta foi ! » voilà ce que je retiens principalement de votre texte.<br /> je suis profondément admirative et respectueuse de vos recherches et de vos textes sur le blog. elles sont pour moi un acte de foi en eux mêmes<br /> je suis loin de votre monde dans ma vie de maman et mes pensées superficielles.... mais de loin, je vous souhaite de continuer à cheminer sur votre voie. La vieillesse use nos corps mais nos âmes ??? certainement pas. <br />
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R
Quand même! c'est Sartre qui a si bien analysé la joie d'aimer et d'être aimé: « Au lieu que, avant d’être aimés, nous étions inquiets de cette protubérance injustifiée, injustifiable qu’était notre existence, au lieu de nous sentir de trop, nous sentons à présent que cette existence est reprise et voulue dans ses moindres détails par une liberté absolue qu’elle conditionne en même temps et que nous voulons en nous-mêmes avec notre propre liberté ; C’est là le fond de la joie d’amour, lorsqu’elle existe : nous sentir justifié d’exister. »Il avait bien compris
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