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Jean Prieur (1914-2016)

Jean Prieur (1914-2016)

Jean Prieur a étudié les doctrines ésotériques et les phénomènes paranormaux à la fois en tant qu'historien et philosophe.


Notre-Dame de Paris

Publié par Jean Prieur sur 2 Juillet 2010, 11:52am

Catégories : #Textes récents

- Il me faut, dit Jean Prieur, trouver un titre pour ce texte.

- Pourquoi pas, dit Lahcen, Notre Dame de Paris ?

- D’autant plus que c’est à Notre-Dame de Paris, devant sa statue entourée de lys, que nous avons, toi Lahcen Chouli, et moi Jean Prieur, allumé un cierge pour lui  recommander l’âme du défunt  qui nous avait présentés l’un à l’autre. Ce devait être en 1995 quand à la rubrique personne à prévenir en cas d’accident, ton nom a remplacé celui de mon frère qui ne s’intéressait ni à ma personne, ni à mes travaux.
Et je me répétais : Notre Dame de Paris, Notre dame de Paris. Victor Hugo ne m’en voudra pas. On n’emprunte qu’aux riches ! Et puis dans mon adolescence, je le considérais déjà comme de la famille, l’ayant surnommé  Bon Papa Hugo.

    Parmi les mots qui devaient sillonner ma pensée, s’imposent (allez savoir pourquoi) ceux de dévastation que je repousse et celui de vie que j’acclame et qui m’exalte.
La vie, la vie tenace, opiniâtre, la vie irrésistible, obstinée, indestructible, la vie qui a la vie dure, la vie universelle et immortelle, en bref la vie éternelle.

 « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, Toi le Seul Vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ et tous ceux que Tu avais envoyés avant lui parce qu’ils Te cherchaient :
 Orphée a découvert l’Eternel-Dieu, sous le nom de Phanès,
 Pythagore sous le nom magnifique d’Âme du Monde,
 Zarathoustra sous le nom, Le Seigneur de Sagesse : Ahura Mazda
 Ioannès le Baptiseur ou le Précurseur, annoncé par l’archange Gabriel.
C’est Jean Ier le fondateur de la dynastie des Jean.
Jean II, surnommé Marc, est le rédacteur du IIe Evangile qui contient la pensée de Pline et nous rapporte la parole suivante laquelle est capitale : 
Voici le premier commandement :
- Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force.
Et voici le second commandement qui lui est semblable :
- Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là.
Simone de Saint-Seine avec qui j’ai fondé le GEMMA (Groupe d’Etude des Manifestations et des Messages de l’Au-delà) en était tellement persuadée qu’elle avait fait encadrer MARC (XII 28-31)

     Ces trois amours, DIEU, le PROCHAIN, NOUS-MÊMES, sont les sommets d’un même triangle.

Et voici Jean III de Patmos et d’Ephèse, auteur du IVe Evangile, de l’Apocalypse et de 3 épitres, dont la dernière est destinée à son ami Gaius au nom prédestiné.
Jean III a donné les plus belles, donc les plus exactes définitions de Dieu : Il est Lumière, il est Amour, il est Logos, il est Esprit. Il est AIÔN vie éternelle.
Il est une expression qui revient constamment dans l’œuvre de Jean III : la Vie éternelle, la vie de l’AIÔN que l’on peut décrypter ainsi :
Alpha, Dieu à l’origine, Dieu au commencement et à la création.
Iota, au milieu de l’alphabet grec,
I comme Iesous est aussi J comme Johannes, comme Jean.
 Ô méga, le grand O, la finalité et l’achèvement.
 Si Alpha est le début, Ômega est le but.
 N Noos ou Noûs, pensée, intelligence, sagesse, bon sens, et même sens commun, intention, volonté, désir. Noos est l’Esprit dans toutes ses manifestations.

Jean III est le fils adoptif de Marie :
        Jésus, voyant sa mère et debout auprès d’elle le disciple qu’il aimait dit à sa mère : « Femme, voici ton fils ! Puis il dit au disciple : « Voici ta mère ! Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui. »
 Ils ne se quittèrent plus. Ils vécurent ensemble à Jérusalem, puis à Ephèse, puis sur la montagne au-dessus d’Ephèse, au lieu nommé depuis Meryem Ana Marie mère, lieu de calme et de paix où l’on sent Sa présence.
 Lecteur fervent d’Anne Catherine Emmerich, j’eus le privilège de visiter ces lieux, c’était en juin 1970. Il y régnait une subtile atmosphère de paix, de douceur, et de calme.  Des arbres immenses entourent une solide petite maison, la sienne redécouverte au début du siècle XXe, grâce aux visions d’Anne-Catherine.
 Les visiteurs étaient nombreux, des touristes, quelques pèlerins,  tous étaient spontanément recueillis. Des soldats turcs gardaient les lieux. Et voici que quelqu’un s’écrie : « Mais voici Jean Prieur! » Je n’en revenais pas. C’était le docteur Hubert Larcher, directeur de l’I.M.I, Institut Métapsychique International.

 28 mars 2010. Dimanche des Rameaux. Patrice Darras m’annonce le décès d’une grande amie, la comtesse de Saint Seine, avec qui j’avais fondé en l978 une association le GEMMA , Groupe d’Etude des Manifestations et Messages de l’Au-delà. Cherchant de quoi écrire, je tombe sur une superbe carte postale qui m’était envoyée et qui débute par ces mots : « Madame de Saint Seine vient de me faire un grand cadeau : votre livre Du monde des esprits au monde le l’Esprit (Le Rocher). C’est ce que vous avez écrit de plus beau, de plus fort, de plus important : c’est votre sommet ». Comme cette correspondante parle de sa maison détruite par le feu, je comprends qu’il s’agit d’Alix Ressé.
 Mon sommet, je croyais l’avoir atteint en décembre 1990 avec  Le Surnaturel à travers l’Histoire (Robert Laffont) où je décris une intervention de la Sainte Vierge.
 Circonstance qui pourra sembler paradoxale : C’est par Luther que je suis venu à Marie. Le chapitre s’intitule « Luther ou les malheurs d’un trop bon catholique. » Terrifié par le Dieu de l’Ancien Testament qui s’en prend à Moïse parce qu’il n’a pas massacré également les enfants à la mamelle d’une ville conquise ; terrifié aussi par le Christ de Matthieu qui s’écrie : « Ne pensez pas que je sois venu pour apporter la paix sur la Terre, je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive, car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère. Et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. » (Matthieu X, à partir du verset 22) Voir aussi la parabole des Dix Vierges qui s’achève par ces mots terribles « En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas. »
Lisez Matthieu XXV. Quant à Matthieu XXIII, il est tout entier consacré aux malédictions « C’est une grande symphonie de Malheurs, qui se déverse sur les scribes et les pharisiens hypocrites ! »


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SIRE DIEU PREMIER SERVI
JEANNE D’ARC, PRECURSEUR DE LA REFORME

 

Je propose : «  Lors  de son procès qui s’est tenu à Rouen, Jeanne d’Arc est interrogée sans ménagement par plusieurs juges dont l’évêque Cauchon : »
           - Croyez-vous avoir bien fait de partir sans la permission de vos père et mère ? Ne doit-on pas honorer père et mère ?
    - Ils m’ont pardonné.
    -Certes, mais pensiez-vous donc ne point pécher en agissant ainsi ?
    - Dieu le commandait ; quand j’aurais eu cent pères et cent mères, je serais partie.
    - Les voix ne vous ont-elles pas appelée fille de Dieu, fille de l’Eglise, fille au grand cœur ?
    - Avant que le siège d’Orléans ait été levé, et depuis, les voix m’ont appelée et m’appellent tous les jours : « Jeanne la Pucelle, fille de Dieu. »
    - Etait-il bien d’avoir attaqué Paris le jour de la Nativité de Notre-Dame ?
    - C’est bien fait de garder les fêtes de Notre-Dame ; ce serait mieux, en conscience, de les observer tous les jours.
En conscience, terme commun à Jeanne et à Luther.
    - Pourquoi avez-vous sauté de la tour de Beaurevoir ? Vous avez sans doute voulu vous tuer ? Toujours l’accusation sournoise de suicide.
    - J’entendais dire que les pauvres gens de Compiègne seraient massacrés, tous jusqu’aux enfants ; et je savais d’ailleurs que j’étais vendue aux Anglais ; j’aurais mieux aimé mourir que d’être entre les mains des Anglais. ……………..

   - Jehanne, savez-vous par révélation si vous échapperez ?
   - Cela n’est point de votre procès ; je m’en rapporte à Notre –Seigneur qui en fera à son bon plaisir. Par ma foi je ne sais ni l’heure ni le jour. Le plaisir de Dieu soit fait !
    - Les voix ne vous en ont donc rien dit en général ?
    - Eh bien oui, elles m’ont assurée  que je serais délivrée, Il fallait que je sois gaie et hardie…
    - Et depuis qu’elles vous ont dit cela, vous êtes sûre d’être sauvée et de ne point aller en enfer ?
    - Oui, je le crois aussi fermement que si j’étais déjà sauvée.
    - Cette réponse est d’un bien grand poids.
    - Oui, c’est pour moi un grand trésor.
    - Ainsi vous croyez que vous ne pouvez plus faire de péché mortel ?
     - Je n’en sais rien ; je m’en rapporte en toutes choses à Notre-Seigneur. Je m’en rapporte au Roi du ciel qui m’a envoyée.
    - Jehanne, il faut distinguer : il y a l’Eglise triomphante : Dieu, les saints, les âmes sauvées ; et l’Eglise militante : autrement dit, le pape, les cardinaux, le clergé, les bons chrétiens, laquelle Eglise, bien assemblée, ne peut errer, étant gouvernée par le Saint-Esprit. Ne voulez-vous donc pas vous soumettre à cette Eglise militante ?

    - Je suis venue au Roi de France de par Dieu, de par la Vierge Marie, les saints et l’Eglise victorieuse de là-haut ; à cette Eglise, je me soumets, moi, mes œuvres, ce que j’ai fait et ce qui me reste  à faire.
   - Et à l’Eglise militante ?
    - Je ne répondrai maintenant rien autre chose. En certains points, je ne crois ni évêque, ni pape, ni personne. Tout ce que je sais, tout ce que je crois,  je le tiens de Dieu.
Cinquante-deux ans plus tard, naissait Luther qui, à l’Eglise visible avec sa hiérarchie romaine, ses institutions et ses dogmes de fer, opposa l’Eglise invisible de la liberté de conscience.
     Un légiste de Rouen, Jean de la Fontaine, ami de Cauchon, un Augustin, Frère Isambart, et un autre moine, scandalisés par l’iniquité de ce procès voulurent que le pape en fût informé. Ils se rendirent à la prison de Jeanne, se firent ouvrir se cellule et lui conseillèrent de faire appel non seulement au pape, mais aussi au concile de Bâle qui allait commencer ses travaux
     Dès le lendemain, elle suivit ce conseil. Cauchon, désarçonné, furieux, fit venir les gardes, et leur demanda qui avait osé rendre visite à la Pucelle. Terrorisés, ils avouèrent et dénoncèrent Jean de la Fontaine, l’Augustin Frère Isambart, et l’autre moine, qui furent en danger de mort.
 Cependant, la Pucelle n’en démordait pas :
   - Je demande à être envoyée au pape, dit-elle à Cauchon.
   - Vous raillez, Jehanne, le pape est trop loin et ne s’occupe que d’affaires importantes.
     - La foi est une affaire importante. En cette matière, je suis soumise au pape, aux prélats, à l’Eglise. Mais pour ce que j’ai fait, je ne puis m’en remettre qu’à Dieu, le Juge du ciel et de la terre.

 En réalité, Jeanne d’Arc était au comble de l’angoisse.
…………
 Les voix se seraient-elles trompées ? L’auraient-elles trompée, elle qui, pour leur rester fidèle, bravait les pires menaces ? Et pourtant si, au lieu d’affirmer : J’entends, elle avait dit : Il me semble que j’entends, ses tortionnaires se seraient déclarés satisfaits et n’auraient plus retenu contre elle que le crime de porter habit d’homme.
………….
    - Jehanne, aucun manquement n’est plus grave que d’avoir pris l’habit d’homme. Selon les canons, celles qui le portent sont en état de péché mortel.
    - Les archanges et les saintes ne m’ont rien dit de semblable.
    - Celles qui changent ainsi l’habit de leur sexe sont abominables devant Dieu. Nous insistons pour que vous le quittiez.
    - Trois soldats couchent dans ma chambre. Je suis immobilisée par une lourde chaîne de fer, l’habit d’homme est ma seule sauvegarde.
    Toutefois, durant les treize mois de sa vie militaire, dès que les combats avaient cessé, elle continuait à porter des vêtements masculins comme nous l’apprend un chroniqueur picard de l’époque. «  Quand elle estoit désarmée (quand elle avait quitté son armure), elle gardait cependant l’habit de chevalier : souliers lacés hors le pied, pourpoint et chausses ajustées, et un chaperon sur la tête. Elle  portoit très nobles habits de drap d’or et de soie bien fourrés. » C’est sous cette apparence de jeune militaire qu’elle avait séduit Gilles de Rais, qui ne jurait que par elle.
…………
    Jusqu’au bout Jeanne crut en sa libération, car les voix lui murmuraient : « Prends courage ! Tu seras délivrée par grande victoire. » Et la captive s’imaginait que Charles VII, dont les troupes étaient à Louviers, allait par un audacieux coup de main, s’emparer de Rouen et la libérer. Mais Charles VII était un velléitaire, un lâche, un fourbe. Que de fois il prit des décisions contraires à celles de Jeanne, que de fois il traita derrière son dos ! Dans l’entourage du roi, elle n’avait que deux partisans sincères, la reine Yolande d’Aragon, belle-mère de Charles, et Gilles de Rais, son fidèle compagnon d’armes. Tous deux étaient présents à l’entrevue de Chinon, tous deux croyaient en elle et passèrent aussitôt dans son camp. Persuadée que la Pucelle sauverait le royaume, Yolande, dont le nom espagnol était Violenta, ne cessa de la protéger et de l’aider dans la mesure de ses moyens.
    Dans sa Chronique du Règne de Charles VI, Jouvenel des Ursins
(Ancêtre de Bertrand de Jouvenel et de son fils Roland, dont j’ai conté l’histoire dans les Tablettes d’or (Fernand Lanore) décrit en ces termes la reine d’Aragon, de Sicile, de Naples et de Jérusalem, qui défendit avec tant de lucidité les intérêts de la France : « Grande, élancée, très bien proportionnée, les traits d’un caractère espagnol, les cheveux sombres et les yeux brillants, la reine-duchesse est douée d’un cœur intrépide et d’un esprit élevé. 
 Mais que peut une femme « d’un cœur intrépide et d’un esprit élevé sur un homme mou et veule » ? Rien sans doute et Jeanne attendit en vain que Charles VII vienne à son secours.
 Pour la sauver in extremis, Gilles de Rais qui s’était pris pour elle d’une véritable adoration, fit une tentative d’une  extrême audace : il réussit avec ses hommes à pénétrer jusque dans Rouen ; mais, trop peu nombreux, ils durent battre en retraite. Désespéré par la mort hideuse de celle qu’il considérait comme une sainte, Gilles perdit sa foi en Dieu qui se mua en véritable haine. C’est alors qu’il  bascula dans les horreurs du satanisme pédophile.
 Après l’échec du  coup de main de Gilles sur Rouen, les voix firent comprendre à Jeanne que la délivrance et la grande victoire étaient l’autre nom de l’éternité. Le mot martyre fut enfin prononcé : « Prends tout en gré ! Ne te chaille (ne te soucie pas) de ton martyre, tu t’en viendras au royaume du Paradis. »


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LUTHER OU LES MALHEURS D’UN TROP BON CATHOLIQUE

 

Les scribes et pharisiens cités par Mathieu XXIII  n’étaient pas tous des hypocrites, certains étaient perméables à l’enseignement de Jésus mais trop  attachés à la lettre, et désireux d’obtenir le salut comme le jeune Luther lui-même.
Franchissons quinze siècles et passons au XVIe, mais les problèmes restent les mêmes.
 
 Donc, en 1505, Martin Luther, fringant jeune homme de vingt-deux ans, est l’orgueil de l’Université d’Erfurt : « Il brillait, dit son ami Mélanchton, parmi toute cette jeunesse, et son génie faisait l’admiration de toute l’Académie. » Il a été successivement bachelier ès arts (Magisterexamen) et maître ès arts, les arts comprenant alors la grammaire, la logique, la rhétorique et la philosophie.
 En mai de cette année-là, il a commencé des études de droit, non par goût (il aurait préféré la théologie, car il est un fervent catholique).  Mais pour obéir à son terrible père, il a opté pour la section juridique. Hans, père de Martin est un mineur de fond qui a durement travaillé et économisé pour obtenir une certaine aisance et payer à son fils des études supérieures. Jean Luther, qui tient en réserve pour son rejeton une héritière fortunée, est persuadé que seul le droit mène aux honneurs et aux places lucratives.
 Bien que son avenir se dessinât sous les meilleurs auspices, bien qu’il se présentât à ses condisciples comme un joyeux compagnon, le jeune Luther n’était pas heureux. Sa mère, Margarethe Ziegler, qui voyait partout à l’œuvre les mauvais esprits, lui avait inculqué une dévotion timorée en un Dieu de cauchemar.
 « Nous palissions au seul nom du Christ, car on ne nous le présentait jamais que comme un juge sévère irrité contre nous. On nous disait qu’au jugement dernier il nous demanderait compte de nos péchés, de nos pénitences, de nos actes. Et comme nous ne pouvions nous repentir assez et faire des œuvres suffisantes, il ne nous restait, hélas, que la terreur et l’épouvante de sa colère » Autre exemple de ce christianisme morbide : la mère de Calvin obligeait le petit Jean à baiser sur les dents une tête de mort.
 Le jeune Luther fut hanté, comme on l’était au Moyen Age, par la perspective de la damnation ; Dieu lui apparaissait comme le juge implacable du Dies irae.
 En réalité, il voyait Dieu à travers ses parents. « Mon père, raconte-t-il, me roua une fois avec tant de force que je pris la fuite et lui en gardai rancune pendant quelque temps. Un jour, pour une misérable noix, ma mère me battit jusqu’au sang ; la sévérité de sa vie fut une des causes qui, plus tard, me firent entrer au couvent et devenir moine. Mais c’était dans les meilleures intentions ; seulement ils ne savaient pas discerner les caractères et proportionner les punitions, car il faut toujours punir de telle sorte qu’à côté de la verge (le châtiment) se trouve la pomme (la récompense).
 Et quand, pensant rassurer le jeune Luther, on lui disait : Dieu est un père, cela ne pouvait que le perturber davantage. J’ai connu cela. Le trouble permanent de sa conscience ne provenait pas d’une vie dissolue, mais d’un sentiment accablant du mal et du péché. Cela prit de telles proportions qu’il en tomba malade.
 Un vieux prêtre de ses amis, venu le réconforter, prononça ces paroles prophétiques : « Rassurez-vous, mon cher bachelier, vous ne mourrez pas de cette maladie ; notre Dieu fera encore de vous un grand homme qui consolera à son tour bien des gens ; ceux que Dieu aime et qu’il veut employer à de grandes choses, il les charge de bonne heure de la sainte croix ; à cette école, on apprend beaucoup, si l’on porte sa croix avec patience. »
 Cette croix, Martin était décidé à la porter aussi courageusement que possible. Il aspirait de toutes ses forces à la sainteté, et pour y parvenir, il ne voyait d’autre chemin que la vie monastique. Il en parla timidement à son père qui avait une solide aversion pour ce qu’il appelait avec dédain « la moinerie ». Pas question que son fils devienne prêtre ou religieux « pour faire bonne chère et vivre sur le bien d’autrui au lieu de se nourrir de son propre travail. »
 Martin n’osa pas insister et se sacrifia avec mélancolie. C’est alors qu’une série d’évènements tragiques : la mort de son meilleur ami, la mort de ses deux frères enlevés par la peste accentuèrent le désespoir qui stagnait au fond de son cœur.
 Bientôt la mort subite qui avait frappé autour de lui, emportant toujours des êtres jeunes, non préparés pour l’autre vie, allait s’en prendre à lui.
 Un jour, relevant de maladie, il se rendait à pied chez ses parents, accompagné d’un condisciple. Selon l’usage des étudiants allemands, toujours férus de duels, il portait l’épée.
 Au cours de la marche, il trébucha, son arme sortit du fourreau et le blessa gravement à la jambe. Une artère était atteinte, le sang coulait à flots. Pendant que son compagnon de route courait chercher un médecin, Luther se coucha sur le dos, pressant la plaie de ses mains, tandis que la jambe enflait de façon inquiétante. Un œdème de préparait.
 Dans sa détresse, il invoqua la Sainte Vierge, la suppliant de lui épargner cette mort subite que nos contemporains considèrent comme un idéal et qui, pour un croyant de ces âges de foi, apparaissait comme une épreuve épouvantable.
 Il fut entendu : son condisciple revint à temps avec un médecin qui lui posa un garrot. On le transporta chez ses parents, il se coucha aussitôt. Dans la nuit, le bandage se défit et la plaie se rouvrit. De nouveau, ce furent des flots de sang. De nouveau, il invoqua la Sainte Vierge, de nouveau elle intervint et l’hémorragie peu à peu cessa.
 Ce premier miracle dû à l’intervention de Marie devait être suivi d’un second, dont l’auteur serait la mère d’icelle.
 A quelque temps de là, le 2 juillet 1505, il revenait de chez ses parents quand il fut surpris par un orage des plus violents. Le ciel était en feu, les éclairs déchiraient les nuages.  La foudre tomba presque à ses pieds, déracinant un chêne à côté de lui. Croyant sa dernière heure arrivée, il se signa et s’adressa, cette fois, à la patronne des mineurs que sa mère lui avait appris à vénérer : « Sauve-moi, chère sainte Anne ! Sauve-moi et je me ferai moine ! »
 La foudre l’épargna et, quinze jours plus tard, sans en référer à son père, il entrait au couvent des Augustins d’Erfurt. Auparavant, il vendit tous ses livres de droit pour offrir un festin d’adieu à ses amis et les régaler de cette Nachtmusik qu’il aimait tant. Ces derniers tentèrent en vain de l’en dissuader, lui-même n’entrait pas de gaîté de cœur chez les Augustins. « Ce n’est pas volontiers, dit-il plus tard, que je suis devenu moine. Enveloppé des terreurs de la mort, j’avais fait un vœu forcé, mais j’avais donné ma parole à Sainte Anne. Il n’était pas question que je la trahisse. J’abandonnai le monde et j’entrai au couvent, désespérant de moi-même. »
 Les Augustins d’Erfurt, dans leur ensemble, assez incultes et jaloux de la supériorité intellectuelle de l’ancien professeur, prenaient plaisir à l’humilier et lui réservaient les corvées les plus désagréables : garder le portail, balayer l’église, nettoyer les lieux d’aisance, et surtout quêter en ville, mendier le pain quotidien, ce qui lui rappelait les moments les plus pénibles de son enfance.
« A toi, frère Martin, le sac au dos, lui disaient-ils en se moquant. Ce n’est pas en priant, c’est en mendiant qu’on enrichit le couvent ! »
 Ce besoin de mortifier et de déprécier semble une constante des communautés religieuses ; Bernadette Soubirous et Thérèse Martin en ont su quelque chose.
 Après son année de noviciat, Luther fut admis à prononcer ses vœux ; selon l’usage, il reçut alors le froc noir et le capuchon de cuir, et en même temps un nom nouveau, celui d’Augustin. « A mon baptême, dit-il, je reçus le nom de Martin ; au couvent, on me donna celui d’Augustin. Quoi de plus honteux et de plus impie que d’abandonner son nom de baptême pour le capuchon. Ils ont bien montré par là qu’ils sont devenus infidèles à Christ et à son baptême. »
 Luther acceptait les affronts, prenait très au sérieux ce qu’il croyait être sa vocation et continuait à mener une vie irréprochable.
 « Il est certain, confia-t-il plus tard à ses proches, que j’ai été un moine pieux, j’ai observé strictement les règles de mon ordre, et je puis dire que si jamais moine était entré au ciel par sa moinerie, j’y serais entré avant tous les autres ; tous mes compagnons de cloître m’en rendront témoignage , car si cela avait duré plus longtemps, je me serais tué à force de veilles, de lectures, de prières et d’autres travaux. »
 Le 2 mai 1507, il fut ordonné prêtre. Il dit sa première messe avec crainte et tremblement, redoutant constamment d’oublier, en un acte d’une telle importance, un mot, un geste, ou de manquer une attitude.
 C’est à l’occasion de son ordination qu’il revit pour la première fois son père, au cours d’un grand repas auquel il avait invité tous ses amis.
 « Mon cher Père, dit-il, pourquoi m’avez-vous fait une opposition aussi impitoyable, pourquoi avez-vous été tellement irrité quand j’ai voulu devenir moine ? Peut-être en êtes-vous fâché encore aujourd’hui ? C’est pourtant une vie divine et fort paisible. » Le père dit alors en présence de tous les convives : « Messieurs les savants, n’avez-vous pas lu dans l’Ecriture qu’on doit honorer son père et sa mère ? » Le même reproche qui fut adressé à Jeanne d’Arc. Luther tout interdit ne sut que répondre. 

 Mais ses amis vinrent à son secours, représentant à Jean Luther que Martin avait obéi à deux interventions célestes : la Sainte Vierge et sainte Anne l’avaient comblé de leurs grâces.
         -  Plût à Dieu, répondit le mineur, toujours irrité, que ce ne fût pas quelque fantasmagorie du Diable !
        Les fantasmagories du Diable, Luther les connaissait aussi ; son biographe allemand parle de schreckliche Erscheinungen, apparitions épouvantables, contre lesquelles il avait dû combattre. Il est sûr que, tel le curé d’Ars, le futur réformateur subissait les assauts des forces mauvaises qui s’attaquent de préférence aux bons serviteurs du Christ.
         « Ma vie, dit-il, avait une grande apparence, mais non point à mes yeux. J’avais un esprit brisé ; j’étais toujours triste. Toutes les consolations étaient impuissantes. Je me préparais à la messe, à la prière, avec de grandes dévotions ; néanmoins, je montais à l’autel désespéré, j’en descendais désespéré ; Tous ceux auxquels je me plaignais, répondaient : « Je ne sais pas ! » Alors je me disais : Suis-je donc le seul qui doive être triste en esprit ? Oh ! Que je voyais de spectres et de figures horribles ! »
 Ces spectres et ces figures horribles aux corps décomposés étaient des entités du bas-astral. Eut-il des visions de l’enfer ? On ne sait. Toujours est-il que Satan lui apparut à la Wartburg tandis qu’il traduisait la Bible en allemand. Il lui lança même son encrier à la tête.
 Pour l’instant le jeune homme lisait la Bible en latin et ses tentations étaient purement spirituelles.
 « Quand j’étais dans les écoles, j’étudiai avec zèle les épîtres de saint Paul ; j’eus un vif désir de savoir ce qu’il voulait dire dans l’épître aux Romains. Un mot surtout m’arrêtait : la justice de Dieu. Je haïssais ce mot de justice de Dieu, parce que, selon l’usage des docteurs, je l’avais toujours entendu de la justice active par laquelle le Dieu juste punit les injustes et les pécheurs. Moi qui menais la vie d’un moine irréprochable et qui cependant portais en moi la conscience inquiète du pécheur, sans parvenir à me rassurer sur la satisfaction que je pouvais offrir à Dieu, je n’aimais point, non, il faut le dire, je haïssais ce Dieu juste, vengeur du péché. Je m’indignais contre lui. C’était en moi un grand murmure, si ce n’était un blasphème. Je disais : N’est-ce donc pas assez que les malheureux pécheurs, déjà perdus éternellement par le péché originel, aient été accablés de tant de calamités par la loi du décalogue ; il faut encore que Dieu ajoute de la douleur à la douleur par son Evangile et que, dans l’Evangile même, il nous menace de sa justice et de sa colère ! »
 Il s’ouvrit de ses doutes au vicaire général de son ordre, Jean de Staupitz, venu en visite au couvent, un mystique pour qui la religion était avant tout l’union du cœur avec Dieu.
           Maître Martin, le Christ dont vous me parlez n’est pas le Christ, car le Christ n’effraie pas, il console, il a vaincu les puissances maléfiques qui vous hantent. Que sont vos péchés ? Si vous voulez que Christ vous aide, ne venez pas à lui avec ces misères d’enfant et ne faites pas de la moindre incongruité un péché mortel. Et quand vous cherchez à comprendre l’insondable mystère de la prédestination, dites-vous que c’est dans les plaies du Christ qu’il faut le chercher.
 Pensant l’arracher à ses scrupules maladifs et à ses théories sombres, Jean de Staupitz l’envoya à Rome pour se changer les idées, et par la même occasion, régler différentes affaires concernant l’ordre des Augustins. Sous le ciel d’Italie, les Méphistophélès germaniques n’oseraient pas se manifester.
Luther se mit en route à l’automne 1510, allant à pied de couvent en couvent (Itinéraire d’aller : La Bavière, le Tyrol, le Brenner, la Lombardie, Viterbe.) A Milan, quand il osa dire aux moines italiens qu’ils feraient mieux de ne pas manger de viande le vendredi, il faillit se faire écharper.
Il continua son voyage, toujours à pied, souvent malade, parce que mangeant peu et marchant beaucoup.

Enfin, le voici à Rome.
« Lorsque j’arrivai à la cité sainte, dit-il, je tombai à genoux et, déposant mon bâton de pèlerin, je levai les mains au ciel et je m’écriai : Salut, auguste Rome, sanctifiée par les saints martyrs et par leur sang qui y fut versé. »
Il descendit au monastère de son ordre près de la Porta del  Popolo, impatient de parcourir tous les lieux sacrés et de visiter toutes les églises. Il était, comme il le déclara lui-même, fou de sainteté.
L’un des grands moments de ce pèlerinage, accompli avec le sérieux qu’il mettait à toute chose, fut à Saint-Jean de Latran la montée à genoux de la Scala Sancta où il eut la révélation de sa doctrine essentielle : la justification par la foi.
La foi, c’est ce qui manquait le plus aux papes de son temps. Alexandre VI qui avait une dizaine de maîtresses, au moins huit enfants nommés par euphémisme ses neveux, succomba au poison que son fils César Borgia et lui destinaient à deux cardinaux et qui leur fut servi par mégarde. Au Borgia des poisons, succéda le colérique Jules II qui, le casque en tête et l’épée à la main, ne pensait qu’à sa guerre contre les Français.
De retour en Allemagne, Luther aurait à affronter Léon X, protecteur des artistes et des poètes, aimable incrédule qui savait à l’occasion plaisanter sur « la fable du Christ qui lui rapportait tant d’argent. »
Les cardinaux ne valaient guère mieux. Certains se vantaient de ne pas lire la Vulgate de peur de compromettre leur latin et lui préféraient César, Cicéron et Pétrone, qui, revenant à Rome, ne se serait nullement senti dépaysé, le Satiricon était de retour.
Quant au bas-clergé, celui que Luther fréquentait, c’était l’abomination de la désolation.
« J’ai été peu de temps à Rome, raconte-t-il  encore, et j’y ai dit bien des messes, j’en ai vu célébrer beaucoup ; mais je ne puis y penser sans frémir. Entre autres infamies débitées à table par les courtisans, je les ai entendus se vanter en riant de ce qu’un prêtre en consacrant l’hostie, disait : Panis es et panis manebis (tu es pain et tu resteras pain) »
Pour Luther, la messe était véritablement le sacrificium, c’est-à-dire   l’acte sacré par lequel l’Eglise offre à Dieu, par les mains du prêtre, le corps et le sang de Jésus-Christ sous les espèces du pain et du vin ; il était scandalisé, anéanti, horrifié. «Je ne puis sans un profond dégoût me rappeler la rapidité indécente avec laquelle les prêtres italiens débitaient leurs offices. C’était une jonglerie plutôt qu’un acte religieux. Je n’en étais encore qu’à l’Evangile, quand le prêtre officiant à côté de moi, arrivé au galop au bout de sa messe, me disait : « Passa, passa, tâche d’en finir au plus vite ! » L’exemple venait de haut : « Alexandre VI, écrit Pierre Gaxotte, galope sa messe, il laisse son bouffon bénir la foule derrière son dos, il donne la communion si distraitement qu’une fois il laisse tomber des hosties. »
Rome n’était décidément plus la cité sainte au seuil de laquelle il s’était agenouillé, elle était devenue la Babylone de l’Apocalypse, la grande ville qui prétend à la royauté sur les rois de la Terre, la femme vêtue de pourpre et d’écarlate, la courtisane parée d’or, de perles et de pierres précieuses qui tient la coupe remplie des impuretés de sa prostitution.
Révolté par tout ce qu’il avait vu, scandalisé par la dolce vita du clergé italien, le scrupuleux et vertueux Allemand reprit le chemin de sa patrie.
L’itinéraire de retour évitait la Haute Italie où guerroyait Jules II. Luther passa par Gênes et Nice, continua par Avignon, capitale du grand schisme où résidèrent sept papes d’origine française. Puis il remonta la vallée du Rhône, il traversa la Suisse et la Bavière. Enfin le voici à Erfurt où il put rendre compte de sa mission au général des Augustins, Jean de Staupitz qui ne fut pas étonné et insista auprès de Martin pour qu’il suive les cours nécessaires pour obtenir le titre de docteur qui lui donnerait le droit de prêcher.
-Ah ! Docteur, en me demandant cela, vous m’ôtez la vie. Je ne tiendrai pas plus de trois mois.
-Cela n’a pas d’importance. Qu’il en soit ainsi au nom de Dieu, car Dieu a aussi besoin au ciel d’hommes consacrés et intelligents.

 

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 Entre temps, nous sommes passés au XXIe siècle, et Jean Prieur est toujours de ce monde.
« Quoi ? Il est encore là, celui-là ? (Réflexion entendue).
Oui, encore et toujours. Malgré les prédictions pessimistes du docteur Paucot au jour de ma naissance, 10 novembre 1914. Malgré deux guerres mondiales et une guerre froide.

 Je sors de la sieste,  j’avais un peu froid. J’ai mis le pull-over bleu marine. J’ai regardé les infos à la télé : Atroce : attentat à la bombe dans le métro de Moscou, des gens déchiquetés, couverts de sang. Vendée : après les inondations dues à la rupture des digues. Certains éleveurs sont revenus pour soigner et ravitailler leurs bêtes épargnées par le flot. Retrouvailles émouvantes : les veaux sont comme de grands chiens affectueux. Les vaches sont traites avec un retard dont elles ont beaucoup souffert. Et je repense aux actualités de la semaine du 10 mai 1940, quand les paysans du Nord–Pas-de-Calais ont dû fuir devant l’avance allemande. Les vaches qui n’étaient plus traites meuglaient de douleur, chevaux et poulains essayaient de suivre la voiture de leurs maîtres et ne parvenaient pas à la rattraper.
 Puisque nous en sommes au 10 mai 1940, restons-y.
 Revivons la semaine infernale : Le 10 mai, offensive générale des armées allemandes qui occupent la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Le 13 mai, Hitler lance un ultimatum sans conditions aux capitales.
L’ultimatum aux Pays-Bas est repoussé. Le 14 mai, tapis de bombes sur Rotterdam qui est rasée.
Le 15 mai, l’armée hollandaise capitule. Le 17 mai, brillante mais vaine offensive des tanks du Colonel de Gaulle.
Le 26 mai, les Alliés commencent l’évacuation de Dunkerque.
Le 27 mai, les Allemands exigent la reddition sans condition de la Belgique.
Le 28, Léopold III, pour épargner à Bruxelles le sort de Rotterdam, donne l’ordre à ses troupes de déposer les armes.
Le 4 juin 1940, Dunkerque est évacué.
Le 10 juin, l’Italie déclare la guerre à la France. La presse fasciste est féroce : on ne lui laissera que les yeux pour pleurer. A l’époque, je n’ai pu suivre les actualités en direct, mais par la suite, je l’ai entendu dans l’émission de l’historien Marc Ferro.
Le même jour, Franco proclame l’Espagne en état de non belligérance active et refuse d’imiter cet exemple.
Le même jour, capitulation de l’armée norvégienne.
Le même jour, le gouvernement quitte Paris pour la Touraine. Le gouvernement, c'est-à-dire Paul Reynaud, Charles de Gaulle promu Général de brigade à titre provisoire et sous-secrétaire d’Etat à la Défense nationale, et surtout le général Weygand et le maréchal Pétain. Hitler n’a que mépris pour nos dirigeants et n’a de respect que pour le vainqueur de Verdun. C’est donc à lui qu’est présenté l’ultimatum.
« Demandez l’armistice ou nous raserons Paris, souvenez-vous de Rotterdam ! »

Le 11 juin 1940, quand le gouvernement doit quitter la Touraine pour Bordeaux, Pétain déclare Paris ville ouverte, c'est-à-dire que les soldats allemands pourront y pénétrer sans qu’un coup de feu soit tiré contre eux. Pétain veut épargner à Paris le sort de Varsovie.
Le 14 juin, les Allemands entrent dans un Paris intact, et il le restera jusqu’à la 2ème alerte de juillet 1944 quand le général Von Choltitz désobéira à Hitler et ne répondra pas à son télégramme « Brennt Paris – Paris brûle-t-il ? »  Par l’intermédiaire du consul de Suède, Raoul Nordling, autre luthérien, il traitera avec la Résistance.

Paris sera sauvé une seconde fois.
NOTRE DAME DE PARIS EST ENCORE DEBOUT.

Le 18 juin, de Gaulle lance son célèbre appel.
A l’époque, j’ai cru ceci, comme la majorité des Français :

De Gaulle était l’épée, Pétain le bouclier.

 

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Les gens disent tous « Je n’ai pas le temps ». C’est vrai, c’est quelque chose qu’on n’a pas, qui vous file entre les doigts. Le temps, c’est ce qui est et agit dans l’éternel présent.
Un chien aboie, un merle siffle, je pense : il y a seulement 3 êtres vivants dans le monde, dont moi.
La nuit est claire et bleue, je pense donc je marche… et je vois la photo de Lahcen auprès de la Sainte Vierge.
Entre temps, un ami m’a donné un annuaire téléphonique de Paris et la Poste y a mis Notre Dame de Paris au centre de la grande rosace de la Cathédrale.
Cette nuit, je voulais avoir accès à l’eau chaude, car j’avais besoin de me passer l’eau chaude sur les yeux. J’avais l’impression de voir mieux. En effet, l’eau est un vecteur de vie.


Je voudrais terminer par un hommage rendu au programme de « techniques et sciences » qui va dans le même sens que la spiritualité.
Il y a des malades de longue durée pour un handicap mental ou physique qui sont maintenus à domicile, à condition que leur appartement soit adapté et jouisse de tout le confort, afin qu’il puisse fonctionner comme un service médicalisé.
Je suis dans une période intermédiaire où je retrouve difficilement mes affaires, car j’ai dû faire place nette pour le lit médicalisé.
Cela fait partie des choses positives du monde actuel.

 

        JEAN PRIEUR 
  

 

 

 

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