LES ATOMES ET LA VIE IMMORTELLE
Par Jean Prieur
I
Les dix noms du corps d’esprit
Que se passe-t-il à l’heure de la mort, cette mort qu’il vaudrait mieux appeler transition, métamorphose, ou grand passage, puisque l’essentiel n’est pas détruit.
La vie continue sur un autre plan, sur un autre mode, sur une autre fréquence.
Que se passe t-il à l’heure du grand passage ?
Quels phénomènes entrent en jeu lors de ce processus universel et naturel, indépendamment des religions et des croyances ?
Quels faits se succèdent dans un ordre aussi rigoureux que la naissance de l’homme ou la naissance du jour ?
Les messages venus des zones pures de l’Au-delà, les visions des mystiques, et aussi les récentes découvertes de la microphysique, nous permettent de répondre.
1. Corps subtil.
Toutes ces questions ont à leur base le corps subtil. La notion de corps est très importante. Un corps est indispensable pour exister et subsister dans un milieu donné. Le corps, qu’il soit physique ou métaphysique, est une nécessité absolue. L’esprit est énergie, or il n’y a pas d’énergie sans un substratum; dans un sens, les matérialistes ont raison: "On n’a jamais vu d’esprit sans corps. En revanche, la matière n’a pas besoin de l’esprit pour exister."
Ici-bas, le corps subtil réalise la cohésion des milliards de cellules qui composent le corps humain, ou animal, ou même végétal. Il maintient la stabilité de la forme vivante à travers le flot toujours renouvelé des atomes. C’est lui le schéma directeur; voici le moment ou jamais de parler de structure et de programme. Structure et programme sur lesquels s’organisent les particules. Les particules sont les constituants des atomes, ce sont les particules élémentaires.
Le corps subtil a reçu beaucoup d’autres appellations. Chacune met l’accent sur un de ses aspect, toutes doivent être examinées.
2. Corps magnétique.
Si l’on jette de la limaille de fer sur une feuille de carton, c’est le désordre. Mais dés que l’on place sous la feuille un aimant, tout s’organise, les lignes de force se dessinent, des formes symétriques se tracent, alors apparaît le spectre magnétique. Le corps subtil, c’est l’aimant; le magnet comme on dit en allemand et en anglais. Le corps physique, c’est la limaille. Si l’on retire l’aimant, ou plutôt si, à l’instant suprême, l’aimant se retire, tout se désorganise, il ne reste plus que de la poussière de métal... ou de la poussière organique.
C’est dans un message de Roland de Jouvenel que l’on rencontre ce terme de corps magnétique bientôt rejoint par celui de champ magnétique:
"La plus petite parcelle de molécule ou de poussière d’atome est en affinité et sous la dépendance de l’attraction psychique contenue dans l’Au-delà. Tout objet peut être dévié de sa course par le champ magnétique du plan supérieur"
3. Corps bioplasmique, corps énergétique.
La notion de champ est inséparable de la notion de symétrie, elle-même inséparable de la notion d’unité. Un exemple: les conclusions formulées par les savants soviétiques à la fin des années 60. Ayant examiné les photographies de corps subtils, végétaux, animaux et humains, prises par les époux Kirhan sous des courants électriques à haute fréquence, ils déclarèrent dans leur rapport :
"Le corps bioplasmique, ce corps d’énergie, n’est pas seulement composé de particules, ce n’est pas un système chaotique .C’est un organisme unifié en lui-même. Il agit comme unité; et, comme unité, le corps énergétique produit son propre champ électromagnétique et constitue la base des champs biologiques."
Telle est la meilleure explication qu’on ait jamais donnée du corps subtil; il est curieux qu’elle vienne de l’Est.
Vers la même époque, un Américain, le Dr Alexander Lowen expliquait qu’un champ énergétique enveloppe un corps humain dans un rayon de 60 à 90 centimètres, il faisait allusion à l’aura, et il ajoutait que tout être vivant dégage ce rayonnement:
"Le champ énergétique d’un arbre est bien visible; à mon avis, la croyance animiste dotant l’arbre d’une âme ou d’un esprit vient de là."
Certainement, mais il n’est pas sûr que cette âme végétale soit immortelle. La survivance, même de longue durée, n’est pas la vie éternelle !
4-Corps intermédiaire.
Ici-bas, le corps subtil assure dans le temps et l’espace, la stabilité de tout organisme biologique. Dans le monde parallèle où il pénètre aussitôt après la mort, il assure la pérennité de notre personne. Ce nouvel espace-temps est nommé monde des esprits ou monde intermédiaire; à ne pas confondre avec le ciel des bienheureux où s’épanouit la vie éternelle. Le corps intermédiaire est nécessaire pour exister dans le monde intermédiaire.
5-Corps substantiel.
La stabilité dans le monde se nomme mémoire, la stabilité dans l’espace se nomme matière en notre monde, et substance dans l’autre. Mémoire et substance persistent et subsistent dans la vie future. Précisons notre vocabulaire: nous appellerons substance ce qui est fin, léger, raréfié, invisible, impondérable, non-tangible, et vibrant à très haute fréquence. Nous réservons le terme de matière à ce qui est lourd, compact et lent. Mais la substance est aussi omniprésente en notre vie que la matière: l’essentiel est toujours invisible; par exemple, notre pensée. Substance et subtil ont mainte analogie avec la réalité fine dont parlent les scientifiques d’aujourd’hui. Subtil fait référence aux subtilia primordia par lesquels le poète Lucrèce désignait les atomes; ces atomes que son compatriote Cicéron appelait les individua corpora, les corps indivisibles. En résumé, matière et substance sont pareillement de structure atomique. Nous y reviendrons.
6-Corps de psyché ou âme corporelle.
Le corps subtil interpénètre le corps physique comme l’eau imbibe l’éponge. Cela, un fervent lecteur des atomistes présocratiques, Anaxagore et Démocrite, l’avait pressenti. Il se nommait Epicure. En outre, il avait été frappé par cet aphorisme d’Aristote: l’âme est la forme du corps. Il ne faut pas comprendre forme au sens de revêtement externe, mais au sens d’archétype formateur. C’est Théophraste, contemporain et disciple d’Aristote, qui reprit et clarifia sa conception de l’âme. L’homme est un ternaire composé de:
- l’esprit-pneuma, principe de vie, substance immatérielle, non-divisible, et par conséquent immortelle (Ni Aristote, ni Epicure n’affirment ce point).
- l’âme-psyché, principe de vie et corps intermédiaire; visible lors d’apparitions et de visions.
- le corps-sôma, formé de parties (Epicure précisait formé de particules) donc facilement décomposable donc périssable.
On retrouvera ce schéma chez Lucrèce (animus-anima-corpus); chez saint Paul et chez les Pères latins et grecs. C’est Descartes qui introduira pour longtemps le binaire: esprit-corps, et la confusion entre âme et esprit, qui subsistent jusqu’à nos jours.
De l’œuvre d’Epicure, il ne nous reste que trois lettres qui résument sa doctrine. Dans l’une d’elles, il enseigne l’équivalence âme-corps métaphysique: mais selon lui cette psyché, composée d’atomes, est matérielle et périt avec le corps; ce qui exclut tout Au-delà:
"Comprenons donc ceci: l’âme est un corps subtil répandu dans tout l’organisme; elle ressemble à un souffle mêlé d’une certaine quantité de chaleur; ses parties l’emportent de beaucoup en subtilité sur le souffle et la chaleur mêmes; enfin, grâce à cela, elle est plus intimement unie à tout le reste de l’agrégat."
Epicure contestant l’incorporalité que d’autres philosophes attribuaient à l’âme: "On ne peut concevoir de proprement incorporel que le vide. Mais le vide ne peut ni agir, ni ressentir, il ne fait que permettre aux corps de se mouvoir à travers lui."
Alors il se fâchait contre ses contradicteurs:
"Par conséquent, ceux qui disent que l’âme est, au sens propre, un être incorporel prononcent des paroles creuses. Si elle était incorporelle, en effet, elle ne pourrait ni agir, ni ressentir, or nous voyons avec évidence que ces deux phénomènes sont réellement éprouvés par l’âme."
7-Corps de résurrection et d’ascension.
Au cours de la transition, le corps subtil passe plus ou moins rapidement à travers le corps physique, il se relève comme on se relève après le sommeil, peu à peu, il commence à monter dans l’espace, il devient autonome. C’est le moment impressionnant de l’ascension.
Les chrétiens s’imaginent qu’elle fut réservée au Christ et ne réalisent pas que la sienne fut exceptionnelle, c’est-à-dire glorieuse et différée de quarante jours. Ils croient aussi qu’ils recevront le corps spirituel comme une récompense au jour de la résurrection générale et finale, alors que la résurrection est individuelle et immédiate, alors que ce corps substantiel a déjà fait en eux sa demeure. Il s’est formé en même temps que l’embryon.
En son célèbre Corinthiens XV, 42-44, saint Paul n’envisage que la résurrection glorieuse:
"Le corps est semé périssable, il se relève impérissable. Il est semé dans le mépris, il se relève dans la gloire. Il est semé dans la faiblesse, il se relève plein de force. Il est semé corps naturel, il se relève corps spirituel."
Il est remarquable que les verbes soient tous au présent pour bien signifier la résurrection immédiate.
8-Corps métaphysique.
Après Epicure, toute l’Antiquité, qu’elle fût païenne ou chrétienne, qu’elle se réclamât de l’Égypte, de Platon ou de Saint Paul enseigna la constitution tripartite de l’être humain: esprit-âme-corps; pneuma-psyché-sôma; animus-anima-corpus. La psyché-anima qui avait reçu les noms précédents fut parfois désignée sous le terme excellent de corps métaphysique. Méta signifie à la fois avec et au-delà. En effet, la psyché naît avec le corps physique et subsiste au-delà du monde physique, dans un monde substantiel et réel, contigu au nôtre. A son propos, on a très justement parlé d’univers parallèle.
Au cours du Moyen-age, cette notion fondamentale de corps métaphysique s’estompa de plus en plus et ne subsista que chez les alchimistes et les philosophes ésotéristes. C’est Descartes, encore lui, qui lui porta le coup de grâce avec son dualisme âme et corps, auquel se rallia l’ Église catholique.
Le Siècle des lumières et le XIXème siècle officiel continuèrent sur cette lancée et l’on aboutit au matérialisme qui triompha jusqu’au XXème. Encore aujourd’hui, dès que le mot esprit est prononcé, il se produit un clivage entre naturel et surnaturel, physique et métaphysique, objectif et subjectif. Le premier terme de chaque couple étant rangé par les soins des épigones de Jacques Monod dans la catégorie des univers réels, le second dans la catégories des univers imaginaires. Or la physique devient de jour en jour plus métaphysique; ayant établi que l’invisible est aussi réel que le visible, elle admet sans difficulté que le subjectif soit aussi réel que l’objectif. Dès lors, le spirituel cesse d’être ce qui est incompréhensible, ce qui est en dehors de la nature, ce qui est contraire à la nature.
9-Corps de vibrations.
Il n’y a qu’un seul monde: l’infiniment petit est comme l’infiniment grand, ce qui est en bas comme ce qui est en haut, ce qui est visible comme ce qui est invisible, le naturel comme le spirituel.
Il n’y a qu’un seul monde, mais il existe plusieurs taux de vibration. Le cosmos est une gamme infinie dont nous percevons seulement quelques octaves.
James Arthur Findlay n’hésite pas à écrire dans Au Seuil du Monde éthéré: "L’esprit est le plus haut état de vibration que nous connaissions... L’esprit est une partie de l’univers au même titre que la matière physique... L’esprit, ce quelque chose qui mesure la matière et peut l’influencer, est la force dominant l’univers... L’esprit est une substance qui vibre au-delà de l’ultraviolet".
Il conviendrait de compléter ainsi la déclaration de Findlay: il existe un état de vibrations encore plus élevé que le spirituel, c’est le divin. Le divin est en relation contiguë avec le spirituel. Le spirituel est en relation contiguë avec le naturel. Le visible est le résultat et la projection de causes invisibles. Le visible est temporel et temporaire, mais l’invisible est éternel.
Tout dans l’univers est vibrations, donc tout est nombre et tout est relié. Tout est vibrations: les couleurs, les sons, la pensée, et même, comme nous l’apprend la physique récente, la matière...
Tout est vibrations aux trois étages du monde manifesté: électrons, atomes, molécules. Au commencement était la lumière à la fois corpuscules et vibrations. Au commencement était le Verbe: vibration pure. Le Verbe est ce qui vibre à la plus haute fréquence.
Les vibrations les plus lentes caractérisent les corps inorganiques. La matière n’est rien sans idée: force de cohésion agglomérant les molécules. L’eïdos, l’idea, n’est pas une abstraction de notre mental, c’est un être, l’être par excellence, ce qui est en soi, l’essence des réalités individuelles.
Dans le monde visible comme dans le monde invisible, toute matière est création de l’esprit. Dans le monde visible, on parle d’objets. Dans le monde invisible, on parle de projections, de réalités irréelles, c’est-à-dire non-densifiées.
En général, les hommes appellent réalité la gamme étroite des vibrations que leurs sens peuvent percevoir. Le monde astral, caractérisé par des vibrations extrêmement rapides, est pour eux invisible et ils en déduisent qu’il n’existe pas. Le spirituel, nous l’avons vu, est ce qui vibre aux plus hautes fréquences. Et Paqui a dicté depuis le monde caché: "Nous ne sommes plus que vibrations."
Si l’on développe la pensée de la jeune messagère, on peut dire:
"C’est parce que nous sommes vibrations ultra-rapides que nous sommes incorruptibles et immortels. C’est parce que nous sommes vibrations que nous pouvons nous rendre instantanément en tout lieu de votre monde ou du nôtre. C’est la haute fréquence de nos vibrations qui nous rend invisibles. Cette haute fréquence, qui dépasse celle des substances les plus actives, nous permet de franchir les corps opaques et les obstacles de la matière. Nous pouvons traverser un mur comme un rayon traverse un verre et, tel le Christ ressuscité, pénétrer dans une pièce dont toutes les portes sont fermées. Nous pouvons, exceptionnellement, nous rendre visibles et tangibles."
Vibrations et substance sont liées, car il faut bien que quelque chose vibre. Il en est de même pour la lumière qui est à la fois un état corpusculaire et vibratoire.
Montée irrésistible, montée universelle du lourd vers le léger, du compact vers le raréfié, du tangible vers l’intangible, du visible vers l’invisible, de l’opaque vers le transparent.
Plus on monte vers l’esprit, plus les vibrations sont rapides: l’esprit est accélération.
Plus on monte vers l’esprit, plus on se dégage de l’enchaînement: l’esprit est liberté; plus on échappe à l’entropie: l’esprit est incorruption.
Plus on monte vers l’esprit, plus la substance est quintessenciée, plus sa nature se rapproche de celle de la lumière: l’esprit est radiance.
10-Corps de lumière.
Si le corps métaphysique est de nature vibratoire, il est aussi corpusculaire comme la lumière. Corps de lumière est certainement le nom le plus exact, celui qui résume tout.
Dans le cas de l’homme, il est le réceptacle de l’esprit, présent de Dieu et Dieu présent. Cependant il n’est pas l’esprit. L’esprit est encore au-delà. Le corps subtil est à l’origine de la personne. Il est justement ce qui fonde la liberté-responsabilité personnelle, la survivance personnelle, la croyance au Dieu personnel. Il est bien entendu que personnel ne signifie pas égoïste, ou égocentrique, ou limité. Il existe des personnes infinies.
Dans certaines circonstances, ce corps d’esprit peut se détacher du corps physique. Si la séparation est provisoire, c’est le dédoublement; et, dans sa forme supérieure, l’extase. Si la séparation est définitive, c’est la mort. Dans les deux cas, sa constitution atomique lui permet de traverser la matière: les murs d’une maison, ou ceux d’un tombeau, ne sauraient le retenir.
Que la séparation soit provisoire ou définitive, la perception, la mémoire, la conscience, la pensée, bref, tout ce qui structure la personne, demeure dans l’être métaphysique qui est appelé à durer.
Au moment de la mort, le corps subtil se lève du corps physique, comme, le matin, l’homme se lève de sa couche. Il se libère définitivement. Ses vibrations, qui s’étaient ralenties dans l’incarnation, retrouvent toute leur amplitude.
Le corps subtil est un corps de photons, un corps de vibrations et d’ondulations. " Nos corps spirituels sont un composé d’ondes. " a dicté Georges Morrannier, qui fut en ce monde docteur ès sciences. Il complète ainsi l’affirmation précitée de Paqui. C’est vraiment le corps de lumière auquel on peut dire non plus: " Tu es poussière et tu retourneras à la poussière ", mais: " Tu es lumière et tu retourneras à la lumière. "
II
Révélation, révolution de la microphysique
A tout ce qui vient d’être dit, on pourrait objecter: comment deux corps peuvent-ils passer l’un à travers l’autre ? Comment peuvent-ils se trouver strictement emboîtés dans un lieu unique ?
Le petit Larousse, reflet de la sagesse populaire, et du bon sens qui ne croit que ce qu’il voit et ce qu’il touche, ne dit-il pas que deux corps ne peuvent occuper en même temps le même lieu? Eh bien, si, justement, c’est possible! répond la microphysique, la science qui traite de la matière à l’échelle des atomes, des noyaux et des particules élémentaires.
"Certaines de nos illusions mentales, explique Lecomte du Noüy dans L’ Homme et sa destinée (La Colombe), sont dues au fait que nous envisageons un phénomène, tel que nous l’observons, dans le cadre de notre vie quotidienne. Par exemple, le mouvement en ligne droite est réel par rapport à la Terre, mais faux par rapport à l’univers. Ceci ne s’applique pas aux seules illusions sensorielles, mais à toutes nos observations humaines qui sont relatives au système de référence choisi. Par système de référence, nous entendons simplement l’échelle d’observation."
La science classique nous avait habitués à n’envisager la matière que sous sa forme dense, compacte et tangible. Ce sont les connaissances révolutionnaires de la physique contemporaine qui ont laissé entrevoir des structures infiniment plus complexes que tout ce que l’on avait imaginé. On avait cru que l’exploration de l’infiniment petit conduisait du plus complexe vers le plus simple. C’est le contraire qui s’est produit avec la multiplication insensée des particules subatomiques. On commença par découvrir que l’atome, que l’on croyait être le terme ultime et premier de la matière, était lui-même formé d’un noyau central, porteur d’électricité positive, entouré d’un nuage de particules encore plus fines, de charge négative, que l’on nomma les électrons. Puis à l’intérieur du noyau Rutherford en 1919, met en évidence le proton. Puis, en 1932, Chadwick découvre le neutron qui avait à peu près la même masse que le proton, mais pas de charge électrique. Entre 1930 et 1950, grâce à des instruments à broyer l’atome de plus en plus puissants, on arriva à déceler plus de 200 particules à l’intérieur du noyau.
On pensait que les protons et les neutrons étaient les particules élémentaires définitives, quand des expériences où les protons entraient en collision avec d’autres protons ou d’autres électrons à grande vitesse révélèrent qu’ils étaient eux-mêmes composés de particules encore plus petites, les quarks.
Le biologiste Pierre Lecomte du Noüy vient de nous expliquer que tout n’est qu’une question d’échelle. Sa parabole du fil du rasoir énonce clairement ce qu’il a bien conçu:
"A notre échelle d’observation humaine, le tranchant d’un rasoir est une ligne continue. A l’échelle microscopique, c’est une ligne brisée mais solide. A l’échelle chimique, ce sont des atomes de fer et de carbone. A l’échelle subatomique, ce sont des électrons en mouvement perpétuel qui circulent à des vitesses de quelque 200000 km seconde."
Si l’échelle microscopique, l’échelle chimique, et l’échelle subatomique appartiennent à l’invisible, c’est que leur taux de vibrations est extrêmement élevé. Il en est de même pour le monde spirituel et ses habitants. Nous sommes séparés de ce monde, non par des distances, mais par des fréquences. Ces vibrations composent tout l’univers, elles constituent l’ensemble des réalités, qu’elles appartiennent à l’infiniment petit ou à l’infiniment grand, qu’elles soient matérielles ou spirituelles. Le visible est le recto, l’invisible est le verso. L’auteur de l’ Epître aux Hébreux( est-ce saint Paul ? est-ce Apollos ?) -Apollos avait été formé à l’université d’Alexandrie, comme Paul à l’université de Tarse où les écrits du Trismégiste et des néo-platoniciens étaient fort appréciés.-, dit quelque chose de semblable: " Ce que l’on voit n’a pas été fait de choses visibles." Hébreux XI, 3. A rapprocher de II Corinthiens IV, 18 "Les choses visibles sont passagères, les invisibles sont éternelles. Les hommes, les animaux et les plantes sont passagers et visibles. Les atomes, les anges, les esprits et les êtres divins sont pareillement éternels et invisibles. L’homme est situé entre deux réalités qui échappent à sa vue: celle de l’infiniment petit et celle de l’infini qui échappe aux plus grands télescopes. En effet, la matière que nous voyons, la matière que nous sommes est faite de particules qui échappent à nos sens.
Ce que Lecomte du Noüy dit du fil du rasoir pourrait se dire de l’être humain et de l’être animal: passés dans l’autre monde, ils apparaissent, vivent et voient désormais aux échelles microscopique, chimique et subatomique.
" La relativité, dit l’astronome Paul Couderc, apporte à toute la physique les lois suivant lesquelles doivent se combiner les mesures de temps, de longueur, de masse, d’énergie pour que le résultat soit conforme aux faits... "
" Les formules de la mécanique classique sont valables tant qu’il s’agit de vitesses faibles, et leur approximation suffit pour les besoins courants. Mais la relativité s’impose quand les vitesses ne sont pas négligeables par rapport à la vitesse de la lumière."
Les notions conjointes de vitesse et de lumière constituent à leur tour une approche concrète du monde spirituel. Le temps de l’Esprit et des esprits est lié à la rapidité: l’Esprit est prompt. Il est si prompt qu’il se déplace à la vitesse de la lumière. Et Einstein complète: "Le temps peut même, à la vitesse de la lumière, être immobilisé en éternel présent." Le temps de l’ Esprit est souvent, en effet, la négation de notre temps, soit qu’il l’immobilise, soit qu’il le retourne. Voici, pris dans l’ Ancien Testament, un exemple de renversement du temps: " Avant qu’ils m’invoquent, Je répondrai. Avant qu’ils aient cessé de parler, Je les exaucerai." Isaïe 65, 24
L’ Esprit est prompt, la chair est faible, elle a un faible taux de vibrations. L’ Esprit est ce qui vibre à très haute fréquence, le monde physique (la chair) est celui des vibrations lentes; cependant le premier comme le second est substantiel, c’est-à-dire composé de particules et d’ondes.
La théorie de Planck, qui est à la base de toute la physique moderne, peut également être mise à la base de la nouvelle métaphysique, celle qui tient compte des réalités psi.
Il convient de revenir constamment sur cette notion d’échelle d’où dérive une abondance d’idées confirmées par l’expérience. L’affirmation suivante d’ Einstein donne le départ aux conceptions les plus audacieuses:
" Le monde terrestre de l’homme ne vaut que pour l’homme terrestre, mais un autre monde et beaucoup d’autres mondes, aussi réels que le nôtre, mais construits sur une autre échelle, valent pour ceux qui sont à cette échelle."
Cette pluralité des mondes tant physiques que métaphysiques est maintenant connue: Au-delà de la Terre.
Au-delà de la Terre s’étend le monde des esprits. De même, au-delà et en deçà du spectre solaire vibrent des radiations invisibles pour nos yeux. D’une part, les rayons infrarouges, et d’autre part les ultraviolet.
Au-delà du monde des esprits s’étend le monde céleste; au-delà du monde céleste, le monde divin, la lumière inaccessible dont parle saint Paul. Ce dernier espace-temps, indescriptible, inconcevable, cet alpha-genèse, cet omega-apocalypse, on ne peut en parler qu’en termes de lumière, c’est ce que fait Louis de Broglie:
" Nous pourrions supposer qu’à l’origine des temps, au lendemain de quelque divin Fiat lux, la lumière, d’abord seule au monde, a peu à peu engendré par condensation progressive l’univers matériel tel que nous pouvons, grâce à elle, le contempler aujourd’hui. Et peut-être un jour, quand les temps s’achèveront, l’univers retrouvant sa pureté originelle, se dissoudra-t-il de nouveau en lumière."
Au-delà du chronos, le temps des chronomètres et de la chronologie, règne le kaïros (voir le Nouveau Testament). Au-delà du kaïros, le Temps-Oméga (voir Teilhard et l’Apocalypse), Oméga le grand O est le Temps absolu ou éternité. Le temps Ouranos, le Temps du Ciel où tout coexiste, le lieu des Essences et des Noumènes, le lieu des archétypes et des préexistences.
Il est urgent de renoncer au concept du temps unique, comme on a renoncé (il le fallait bien) au concept de la Terre immobile au centre de l’univers. Il est nécessaire d’admettre la pluralité des temps, comme on a admis (avec difficulté) la pluralité des mondes. Chaque monde a son temps propre, chaque temps est un monde. C’est par ce biais que l’on peut accéder à l’idée d’espace-temps détectée par Planck, Einstein et leurs épigones, notion capitale qui permet une approche rationnelle des phénomènes métaphysiques.
Le siècle qui s’achève ne laissera pas de trop bons souvenirs, mais il nous aura apporté une révolution extraordinaire: la physique des particules, cette microphysique qui a beaucoup de choses à nous apprendre sur le monde des esprits et le monde de l’Esprit.
De 1895 à 1935, durant ce que l’on pourrait appeler les quarante glorieuses, se succédèrent la relativité, la théorie des quanta, les nouvelles conceptions de la matière et de la lumière. Les travaux de Planck, d’Einstein, de Bohr, de Rutherford, de Pauli, de Louis de Broglie, d’Heisenberg, de Fermi, de Marie et de Pierre Curie sont venus confirmer à la fois les intuitions des mystiques et celles des atomistes de l’Antiquité.
Pour Jean Guitton (Dieu et la Science chez Grasset), l’année 1927 est un sommet: " Elle marque le coup d’envoi de la philosophie métaréaliste (retenons ce terme). C’est l’année où Heisenberg expose son Principe d’incertitude, où le chanoine Lemaître exprime sa théorie sur l’expansion de l’univers, où Einstein propose sa théorie du champ unitaire, où Teilhard de Chardin publie les premiers éléments de son œuvre. Et c’est l’année du congrès de Copenhague, qui marque la fondation officielle de la théorie quantique."
(suite et fin dans la seconde partie de
"L'invisible et l'infiniment petit")